La Nymphe de Noël : Et si, finalement, tout n’était pas écrit ?

(Une romance de Noël mythologique)

Disponible sur Amazon

Format poche 11×18

140 pages

Pour avoir sauvé l’Amour, la nymphe Écho se voit récompensée par Héra. La déesse, dans sa grande bonté – dont il faut vite profiter –, lui propose de réaliser son plus grand souhait : lui rendre la parole. Il est temps pour la nymphe de découvrir Noël, cette fête merveilleuse dont elle a si souvent entendu parler. 

Dans l’ombre, les petits êtres malfaisants qui scient toute l’année l’Arbre du Monde sortent pour faire le plein de chocolat et récupérer un mystérieux objet.

La rencontre d’Écho avec Romain dans le métro parisien pourrait tout bouleverser. Il en faut peu, parfois, pour changer la face du monde…

Avertissement. Avant de commencer cette histoire, pensez à vous munir d’une salière.


Extrait exclusif

 

 

Aphrodite se détourna du miroir de sa coiffeuse, non sans avoir ajusté une mèche de sa blonde chevelure, et vers la jeune fille fit un petit mouvement de la main, communément appelé sur Ortygie le geste de la balayette. Puis, s’adressant au dieu :

― Merci, Hermès, d’avoir accompagné notre héroïne. Tu peux y aller, fit-elle en enrobant ses paroles d’un petit sourire séducteur.

C’eût été malvenu qu’elle lui fasse aussi le geste de la balayette.

Hermès fronça les sourcils. Aphrodite fit une moue interrogative.

― Non, je reste, posa le dieu messager en croisant les bras. En tant que témoin. Tu connais les règles.

Aphrodite leva les yeux au ciel et se tourna vers la nymphe, qui, tel un petit oiseau fébrile, attendait qu’on ouvre la porte de sa cage.

― Écho, ma chère Écho, commença la déesse en ouvrant ses bras. Viens sur mon cœur et embrasse-moi. Comment pourrais-je jamais te remercier d’avoir accompli un tel exploit que d’avoir sauvé l’Amour ?

Écho regarda Hermès, le temps que, d’un petit signe de tête, il l’encourage à faire ce qui lui était demandé. Elle s’approcha donc et laissa Aphrodite lui témoigner un vague signe d’affection.

― L’Amour, murmura Écho.

Un sourire se posa sur le doux visage de la déesse. Mais bien sûr ! Ça, c’était dans ses cordes !

Hermès, comprenant que la nymphe n’avait fait que répéter le dernier mot entendu, se trouva bien embarrassé de vexer l’une ou l’autre. Or, comme il tarda à trouver ses propres mots pour redresser le malentendu, Aphrodite prononça les paroles sacrées :

― Soit ! Avant la prochaine nouvelle lune, tu trouveras l’amour. Voilà ! Hermès, fais en sorte que les aèdes sachent que, pour avoir sauvé l’Amour, et grâce à la générosité d’Aphrodite, la charmante Écho rencontrera le véritable amour. Cela a du sens, n’est-ce pas ? On célébrera cette histoire dans des chansons et des poèmes qui en feront l’un des plus beaux mythes jamais entendus après ceux de ma naissance. Qu’il en soit ainsi !

Une fois qu’ils furent sortis du domaine de la déesse, Hermès proposa à la nymphe de s’asseoir pour en discuter. Puis il se tourna vers elle et lui parla en langage des signes, car c’était ainsi qu’elle communiquait elle-même.

« Bon, faisons le point. L’amour, c’est pas une si mauvaise chose, hein ! »

Sans même essayer de lever le petit doigt pour lui faire un début de réponse, Écho prit une moue boudeuse et détourna le regard en croisant les bras. Après sa terrible expérience avec Narcisse qui l’avait rendue si malheureuse que cela avait failli lui coûter la vie, elle s’était promis de ne plus jamais tomber amoureuse. Alors non ! Ce n’était pas une « pas si mauvaise chose », et il était hors de question qu’elle laisse cette prophétie cythéréenne[1] se réaliser. Servir Éros était suffisant à ses yeux, c’était comme être la prêtresse de l’Amour, et on savait bien qu’une prêtresse ne se laissait pas aller au batifolage.

Hermès se trouva bien embêté. Il faut dire qu’il avait une affection particulière pour la douce Écho – le fait qu’elle n’était pas bavarde y était certainement un peu pour quelque chose.

« Dis-moi, maintenant. Si tu avais pu formuler ton vœu. Quel serait-il ? »

Écho savait bien, elle, ce qu’elle désirait le plus au monde. Mais elle n’avait jamais confié ce secret à personne. Alors comment oser ne serait-ce qu’imaginer rêver formuler ce vœu qui était si cher à son cœur sans risquer de soulever une tempête de rires moqueurs sur toute l’île d’Ortygie ?

― Ah… soupira Hermès. Si seulement tu pouvais parler.

Tu dois savoir, Lectrice, que notre Hermès, dieu du Commerce, gardien des Routes et des Carrefours, patron des Voyageurs, des Voleurs, donneur de Chance, inventeur des Poids et des Mesures, conducteur des âmes aux Enfers[2] et messager de Zeus et des dieux, était aussi habile à lire sur un visage qu’à battre les cartes avant de sortir du paquet l’as de cœur que tu avais choisi en te disant que s’il le trouvait, c’est qu’il y avait forcément un truc. Point d’astuces avec Hermès le magicien. Et c’est sans surprise qu’il lut la petite lueur dans le regard de la nymphe au moment où il avait prononcé le mot « parler ».

― Alors c’est ça… Tu aimerais pouvoir parler. Mais bien sûr ! se tapa-t-il le front. Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ?

Si Écho ne répondit pas, son petit sourire fut suffisamment explicite.

― Oublie tout ce qu’a dit Aphrodite. Nous allons trouver Héra.

Écho se crispa des pieds à la tête en ouvrant grand ses yeux.

― Attends, écoute, continua-t-il. Je sais que vos relations sont devenues… disons inexistantes. Mais tu sais ce qu’on dit ! Qui ne tente rien… Après tout, votre querelle date d’il y a quelques siècles, maintenant. Et tes exploits méritent bien qu’elle retire sa sanction[3].

 



[1] Cet adjectif est dérivé du nom de Cythère, île de la mer Égée consacrée à Aphrodite. « Cythéréen » signifie donc : qui se rapporte, prédispose à l’amour et à ses plaisirs.

[2] Il y a un mot pour dire ça, c’est « psychopompe », qui guide les âmes. Non, ce n’est pas psychopathe à côté de ses pompes.

[3] Pour t’aider à comprendre la situation, il faut savoir qu’à une époque reculée, Écho était une nymphe très bavarde qui tenait souvent compagnie à Héra. Or, un jour, Zeus demanda à Écho d’occuper sa femme par ses bavardages incessants le temps d’aller se faire plaisir. Tu connais Zeus… Mais tu connais aussi Héra. Dès qu’elle eut vent de la trahison de la nymphe, la déesse infligea à Écho une punition à la hauteur de son délit en la privant de parole. La nymphe ne pouvait répéter que le dernier mot entendu.

 

 

 

La Nymphe de Noël

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en espagnol

et en italien

 

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